Nous avons lancé notre service de prise de rendez-vous en ligne en 2014. A cette époque il fallait démontrer aux médecins l’intérêt d’un service inédit. Car proposer des consultations médicales réservables en ligne directement par les patients ne leur semblait pas l’évidence.

La concurrence était nombreuse et féroce. Et nous avions tous sous-estimé l’effort et l’investissement nécessaires pour développer l’adoption et l’usage d’un tel service.

Vous connaissez la fin de l’histoire. Il ne reste plus qu’une plateforme, en situation de monopole.

Comment sommes-nous arrivé à une telle situation, si préjudiciable à la fois pour le corps médical et tout un chacun ?

Tout d’abord par un harcèlement tout terrain rendu possible par la folie d’un système capitaliste où l’argent est roi au détriment de l’intérêt collectif. Prendre le marché le plus vite possible, c’était l’obsession. Poussant même ses commerciaux à passer par la fenêtre s’ils ne pouvaient pas passer par la porte. L’un des mots clés de la doctrine maison n’était-il pas « l’Attaque » pour « Gagner par la porte ou par la fenêtre » ? Véridique. Et tout un programme…

Dès lors, lever toujours plus d’argent et beaucoup, mettre une armée de commerciaux sur la route et tuer la concurrence, le credo. Puis la touche finale sur internet. La fameuse recherche d’un praticien par son nom ou par spécialité dans une ville. Un référencement garanti en page une de ladite plateforme par Google.

Or c’est précisément ce qui pose problème.

Si je recherche un médecin généraliste à Nantes, à partir de quels critères remontent en première page la liste qu’on me propose ? Laisser un opérateur devenir le portail de soin français conduira aux mêmes dérives que celles qui ont vu s’imposer un seul acteur pour les recherches sur internet. Résultats opaques et partiaux, tarifs incontrôlables et élevés, captation de la valeur au profit d’un seul.

Il est vrai qu’il s’agit du paradoxe de l’économie digitale. Au départ libertaire et éprise de grands idéaux pour finir en monopole et machines à cash comme la recherche ou la vente en ligne de biens d’équipement, les réseaux sociaux ou les ventes aux enchères.

La mondialisation a profité aux plus forts, à ceux capables de mobiliser davantage de capitaux que leurs concurrents. Et à ce jeu, les États-Unis sont imbattables. La crise que nous traversons nous fait prendre conscience de la fragilité de ce modèle. Incapables de protéger les populations face à la progression de la pandémie, nos sociétés ouvertes nous interrogent sur notre modèle de développement. Le capitalisme sauvage a vécu.

« Comment accepter que le parcours de soin soit arbitrairement déterminé par une plateforme aux intérêts bien compris ? »

Et il nous conduit à la fois à une impasse économique avec la confiscation des richesses aux mains d’une ultra minorité et une catastrophe écologique avec l’épuisement de la planète. Interrogeons-nous sur la portée de nos engagements, sommes-nous complices ou acteur du changement ? Ainsi en France, si nous considérons la santé comme un bien public, comment accepter que le parcours de soin soit arbitrairement déterminé par une plateforme aux intérêts bien compris ?

Face à la marchandisation de la santé organisée par des fonds anglo-saxons, il est encore temps de réagir. Et ceci sera de notre responsabilité à tous, professionnels de santé comme autorité de tutelle.

Françoise Eixarch

Après avoir débuté son parcours professionnel comme responsable des ventes chez SAGEM puis comme responsable grand compte chez Orange, où elle a participé au lancement de l’ADSL et de la 3G en France, Françoise oriente sa carrière vers les sciences humaines.

Elle obtient son diplôme de Maître praticienne en PNL humaniste et complète sa formation à la faculté libre de psychothérapie et de psychanalyse intégrative. Ayant été confrontée aux enjeux de l’installation de son cabinet, tant dans la maîtrise de son organisation que de la constitution de sa patientèle, Françoise imagine DOKILIKO en 2014. Face à la volonté hégémonique d’un acteur du marché étouffant la concurrence sous des levées de fonds ubuesques, Françoise a toujours gardé le cap pour DOKILIKO. Avec une offre où l’innovation et la compétitivité des services gardent toute leur place, Françoise a fait l’expérience des dérives d’une situation de monopole et milite pour offrir un choix alternatif aux professionnels de santé.

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